Nous aimons tous titiller la bête, voir ce qu’elle a dans le ventre, en apprécier les limites et pourquoi pas tester son sens de l’humour. Cette fois-ci, je me suis attardé sur celui qu’on présente comme le plus grand rival de l’esprit humain et, à notre modeste échelle, un sérieux challenger pour tous les copywriters : ChatGPT. En interrogeant l’IA sur le titre « ChatGPT, ça sent mauvais…« , je voulais mettre à l’épreuve sa sagacité, sa capacité à interpréter le signifiant « j’ai pété » et m’assurer que non seulement elle a du flair, mais aussi de l’humour.
Nenni, elle n’a vu que du vent (sans jeux de mots encore) ! En bon élève studieuse, l’intelligence s’est fendue d’une réponse plate dont elle a le secret, certes bien formulée, mais sans soupçonner que les humains se révèlent parfois espiègles et de véritables chenapans. Non, elle n’a vu que du feu, cette fois-ci ; les doubles sens c’est pas trop son fort ! Je ne le cache pas, un ouf de soulagement a traversé mon esprit : à quoi bon se torturer les méninges, passer des heures sur un sujet et, après l’avoir bien trituré, restituer sa quintessence aux lecteurs alors qu’un simple prompt, tapoté dans le champ ad hoc, eût suffi à produire un texte original, riche en contenu, pertinent et, le comble, avec un nombre de mots à la carte. Autant dire que nos heures sont comptées !
Heureusement, cela n’est pas aussi simple que l’on pense. Si, en effet, donner des instructions à la machine donne un résultat « potable », quand il s’agit d’un contenu plus élaboré, non stéréotypé, original ou qui demande une vraie réponse humaine, la machine ne joue uniquement qu’ avec les limites de la probabilité, donc de la suite logique qui veut qu’après un mot vienne un autre statistiquement voisin… sans plus. J’invite par ailleurs les lecteurs à s’informer sur la chaîne de Markov qui va les éclairer sur certains aspects de l’IA.
Ma conviction actuelle, est que, bien entendu, l’IA produira du contenu supérieur à bon nombre d’humains lambda, mais lorsqu’il s’agit de proposer à l’algorithme Google un contenu issu d’une production humaine qualitative et identifiée comme telle, la proposition machine va se heurter inévitablement à une fin de non recevoir du moteur de recherche. En effet, d’expérience les sites qui ont suralimenté avec de l’artificiel ont très vite été sanctionnés par l’algorithme. Ce qui signifie une rapide dégringolade dans la SERP. Autant vous dire que remonter dans les résultats va s’apparenter plus à un chemin de Croix qu’à une plaisante balade en bord de mer… ou en forêt pour les amateurs de chlorophylle.
Un texte issu de l’IA devrait, à minima, se voir reformulé et passé en revue par un oeil perspicace…
Les airs que j’ai entendu(s) jouer, Cadix en Méditerranée ou après que suivi d’un subjonctif… aïe… aïe…
Les accords du participe passé ont souvent été pour bon nombre d’experts de l’écriture un écueil ou, au moins, sujet à hésitation, je les comprends. Combien de fois, pourtant sur des sites « professionnels » produits par des équipes chevronnées n’ai-je pas vu « se sont succédés, se sont plues… » Il est si facile de tomber dans les rets de la langue et encore plus dans ceux du participe passé que je me suis amusé à mettre à l’épreuve notre IA qui n’a vu que du feu. L’accord qui m’a été proposé était erroné… Non, les airs que j’ai entendu jouer ne prend pas de s, sans rentrer dans une explication grammaticale. Elle s’est excusée et jura que l’on ne l’y reprendrait plus !
Tout ceci pour vous dire que ChatGPT, sous des allures de vérité universelle ou de panacée, commet des erreurs, parfois grossières et qu’il ne faut pas prendre ses productions pour argent comptant… Quoi de mieux pour illustrer ces propos par la réponse donnée à une amie, originaire de Cadix, qui l’interrogeait sur sa ville sur la côte atlantique mais qui, par les artifices de l’intelligence, a soudainement déménagé en Méditerranée…
Récemment, je testais les capacités de traduction de chatGPT en présentant un article du Times. Force est de reconnaître que le texte ne présentait pas des formulations hasardeuses ou maladroites comme l’on retrouve parfois sur certains sites issus de traductions automatisées. J’ai cependant relevé , au moins, une erreur de mode. Après que suivi d’un subjonctif… aïe… aïe… Je lui fis la remarque L’IA, s’est vite empressée de se confondre en excuses en me remerciant, et de jurer, de nouveau, que l’on ne l’y prendrait plus…
Nos conclusions vont dans le sens déjà exprimé dans le chapeau, à savoir que le contenu est parfois bluffant et dépasse probablement plus de 80 % des capacités rédactionnelles de la population moyenne (voire plus). Cependant, la reformulation, le repassage d’un texte, une correction, ou bien une adaptation culturelle nous semblent un minimum… syndical… Sans parler de la pétillance défaillante dans ce genre de productions au contenu qui exhale des formules passe-partout et vieilles de deux ans…
Si vous voulez vous démarquer, il n’y a pas d’autre solution que de proposer de la qualité et de l’originalité au risque de vous noyer dans un océan de contenu déjà-vu et insipide. Votre bateau prendra l’eau inexorablement.